top of page

[RAKATAKATAK]
C'est le bruit de nos cœurs

Réalisé et interprété par
Laure Barida — Logan De Carvalho — Géraldine Dupla — Gabriel Lechevalier 

Écrit par
Logan De Carvalho
en étroite collaboration avec
Laure Barida - Géraldine Dupla - Gabriel Lechevalier - Léa Romagny

Dramaturgie :
Gabriel Lechevalier - Camille Mayer - Sophie Présumey

Lumières :
Catherine Reverseau
 
Création le 1er mars 2022 à la 2Deuche à Lempdes

Co-productions : 
Région Auvergne-Rhône-Alpes / Ville de Clermont Ferrand / Théâtre des Clochards Célestes - Scène de nouvelles créations / Ville de Gerzat / La 2Deuche - Scène Régionale - Lempdes / Le Sémaphore - Scène conventionnée d'intérêt national - Cébazat 



 



Avec le soutien de : 
Théâtre des Îlets - CDN de Montluçon / La Baie Des Singes - Cournon d'Auvergne

logo_quadri_carr_.jpg
logo_clermont_couleur_0.png
1394_749_Visuel-Logo-Region-2020.png
sémaphore.png
logo-theatre-des-clochards-celestes.jpg
Rakatakatak_Affiche2-Logos.tif

Dans un futur post-capitaliste, une communauté tente de vivre amours et sexualités, libérées des normes sociales hétérosexuelles et patriarcales.

Il n’y a pas de crise de la masculinité,

il y a une révolution des masculinités à opérer. 

[La Fable] 

[L'univers]

2087 C’EST LÀ QUE COMMENCE NOTRE FABLE.


Le monde ressemble à celui de 2020, mais en plus vieux : plus usé, plus raide, encore moins mobile, plus ridé.

Ses plis se sont approfondis : les inégalités sociales, économiques, géographiques, culturelles... et la prégnance des normes comme repère d'appartenance ou non à l'Humanité. La montée des eaux a fait des périphéries urbaines de vastes marais-cages. Des [ZONES] où des communautés humaines éparpillées tentent de survivre, partout où le sol ne se dérobe pas sous leurs pieds. La "bonne" Humanité, qui s'est auto-désignée pour faire perdurer l’espèce, se retranche dans 13 [VILLES-DÔME] à travers le monde, impénétrable sauf par quelques agents d'entretien échangeant encore leurs forces productives ou reproductives contre des miettes et l'espoir d'un jour pouvoir intégrer le [DÔME]. Ces exploité·e·s volontaires habitent les [CERCLES], les poubelles des [dômes]. Tout ce qui est au dehors des cercles, c'est [la zone]

 

NOTRE HISTOIRE PREND PLACE DANS [LA ZONE]  EN PÉRIPHÉRIE [PARIS-DÔME] 

 

Dans les années [2010-2020], c'était dans les rues de Palerme, d'Athènes ou de Buenos-Aires ; dans les champs de Notre-Dame-Des-Landes, du Rojava syrien ou du Chiapas, que se mutualisaient toute sorte d'idées et de pratiques émancipatrices. 

En [20], c'est aux portes de [PARIS-DÔME] que les fondements sociaux et politiques d'une vie post-capitaliste, post-patriarcale, post-impérialiste, s'inventent sous nos yeux. Dans [LA ZONE], les idées ont remplacé les dogmes. La communauté a pour base l'égalité des conditions, pour phare la solidarité, et pour méthode la liberté.

LES BATAILLES
SE MÈNERONT
AUTANT SUR LES
BARRICADES QUE
DANS LES RAPPORTS
HUMAINS.

[L'histoire]

Notre zone s'appelle [La Neuze] et c'est à son tour cette année d'accueillir la [semaine inter-zones] qui doit permettre à toutes les zonardes du périmètre de se rencontrer et d'échanger sur leurs conditions de vie, mais aussi d'organiser la lutte contre [Paris-Dôme] qui ne va pas les laisser faire bien longtemps. C'est en tout cas le bruit qui court sur zone. Alors que certaines, au milieu des champs pensent semis, désacidification de l'eau de pluie et canaux d'irrigation, d'autres, sur les barricades en bordure, préparent déjà la meilleure défense.

Dans la peur et l'urgence de la guerre à venir, les nouvelles relationnalités précieuses que nos protagonistes ont su prendre le temps de développer vont être mises à l'épreuve. Il s'agira d'être encore plus vigilantes aux tentations virilistes et à un universalisme totalitaire dont la guerre armée est souvent le terreau.

Pour nos personnages, des batailles se mèneront autant sur les barricades que dans les vicissitudes internes des rapports amicaux, amoureux ou sexuels qu'ils entretiennent entre eux. Car dans l'assemblée commune comme dans les groupes d'am(i)es, d'a(i)mants, des conflits seront mis à jour entre personnes participant d'une même communauté de pratiques, qu'il conviendra donc d’interroger.

[Notre histoire se raconte à travers 4 personnages]

EN DÉMANTELANT
L'HYPOTHÈSE ROMANTQUE DE
L'AMOUR, PEUT-ÊTRE
SE RENDRONT∙IELS
CAPABLE D'AIMER

Il y en a deux qui sont heureuses ensemble et partagent un amour l'une de l'autre autant que de la révolution sociale. L'un pense trop et ne ressent pas assez, l'autre a du mal à canaliser ses émotions qui parfois la dépassent. Iels ont depuis longtemps dépassé le couple et vivent à deux comme à vingt, sans exclusivité affective ni jalousie. L'une est sur les barricades et protège [LA ZONE] des agressions extérieures pendant que l'autre se concentre sur le soin à porter aux relations à l'intérieur de la communauté. Leur complémentarité avait toujours représenté "l'âme" de [la zone]. Pourtant ces deux [an]amoureux vont se perdre dans la situation présente. En démantelant l'hypothèse de l'amour, peut-être se rendront·iels enfin capables d'aimer.

Il y en a un autre qui vient de loin pour prendre sa part dans la guerre en cours. Il est un bras armé de la révolution internationale et protége de son corps la société en train de s'élaborer ici, à laquelle il ne comprend pas tout. Il découvrira qu'une relationnalité nouvelle est à inventer, que plus la rébellion est étendue et enthousiaste, moins l’affrontement militaire devient sa mesure. Il interrogera ses réflexes guerriers jusque dans sa vie affective et sexuelle. Il inventera d’autres manières d’aimer et de lutter, d'abord contre lui-même. Il mettra en question la violence possessive avec laquelle il sexait jusqu'ici, pour découvrir la sensibilité d'une peau, qu'il peut être pénétré et pénétrer et désaligner cette question du rôle social qu'il tient. En même temps que ses pratiques, il enrichira son langage et celui de la communauté.

Et il y a celle qui vient d'arriver du [DÔME] où elle ne retournera jamais. Toujours suspecte aux yeux de beaucoup, elle cherche sa place. Elle a fait l’expérience de l'existence d'une femme dans une société patriarcale. Dans [la zone] elle travaille à ce que dans cette révolution et cette invention permanente, il demeure possible de conserver des désirs traditionnels (hétérosexuels, exclusifs, amoureux... etc.). Sa tolérance et son empathie la pousseront à répondre à l'urgence du combat par l'invention de modes d'organisation inclusifs pour toustes, à l’intérieur desquels elle s'apprivoisera aussi comme être-désirant.

[Dans ce spectacle il y aura]
Love is a riot.png

Le monde d'après en pleine [catastrophe écologique] / Des [personnes] qui choisissent leur nom et en changent / Du [maquillage] et des [vêtements moulants] et colorés sous des [capes] et des [bottes de pluie] /
Des [vagins] qui ne sont pas synonymes de [maternité] ;
Et des [testicules] qui ne sont pas synonymes de [courage] /
Des [femmes] qui en ont, des [hommes] qui n'en ont pas et [vice versa] /
Des [désirs naissants] / Des [goûts affirmés] /

Des [passions] non questionnées /

Des AG agitées entre [réformistes] et [révolutionnaires] [libertaires] et [autoritaires], [langage] et [action], [réel] et [représentation] /

 Mais aussi des [alternatives] qui comprennent plus que deux termes /

Un [orage], un [carnage] et un [orgasme] qui éclatent simultanément /
Des [lettres d'amour] bouleversantes / 
Une [guerre] / Des [cascades] / Une [scène d'amour] sur les [barricades] /
Des [diversités] fonctionnelles / Du [bondage] / Du [consentement] en question / De la [violence] / De la [tendresse] / Une [rupture] / Une [scission] /
Une [action suicidaire] à la fois magnifique et débile / Un [feu d'artifice] /

Des [corps] qui ne désirent pas être touchés /  Des [corps] qui ne désirent pas être vus / Des [mots nouveaux] comme "compersion" /
Des [puissances intérieures] sans nom /
Des [poèmes] inventés sous le coup de l'émotion / Des [discours] au micro et des [chuchotements à l'oreille] / Un [sacrifice] qui ne sera peut-être pas vain.

[Intentions]

The world is mine...

J'AI HÉRITÉ D'UN
MONDE QUI SE MODÈLE
À MON CONFORT,
POUR MON PROFIT.

J'ÉCRIS DE CHEZ LES DOMINANTS.
Je suis un homme, cis-genre, hétérosexuel, blanc, bénéficiant d'une petite éducation supérieure et d'un corps dit "valide" d'une trentaine d'années.


DE CHEZ LES HÉRITIERS.
J'ai hérité d'un monde – au sens où je n'ai jamais eu à travailler pour l'obtenir – qui se modèle à mon confort, pour mon profit.
Je n'ai rien eu à faire pour que la sexualité féminine se calque sur mes propres fantasmes pornographiques, je n'ai eu qu'à
regarder et "liker" des vidéos déjà "populaires".


DE CHEZ LES OCCUPANTS.
Car nous occupons le terrain ; médiatique, politique, du langage, des représentations, du pouvoir et de la sexualité, dans la rue
comme aux foyers. Nous en traçons les frontières à la hache, façon carte d’Afrique : en ne tenant aucunement compte des réalités du terrain, seulement de nos désirs.


DU CENTRE EXACT DE LA NORMALITÉ EN VIGUEUR.
Un monde qui me produit comme "normal" et définit toutes les autres existences (non-mâles, non-blanches, non-hétéros, transgenres... etc.) à l'aune de la mienne.

To change...

Mais faire la liste de ses privilèges ne suffit pas.


J'ÉCRIS DE CHEZ LES DOMINANTS.
Le besoin de nouveaux modèles auxquels nous identifier.
"CAR LA VIRILITÉ TRADITIONNELLE EST UNE ENTREPRISE AUSSI MUTILATRICE QUE L'ASSIGNATION À LA FÉMINITÉ."
                                                                                                                                                   VIRGINIE DESPENTES — KING KONG THÉORIE

C'est à la relecture de King Kong Théorie que la légitimité de ma parole m'est apparue à la hauteur de sa nécessité.

"ILS AIMENT PARLER DES FEMMES LES HOMMES, ÇA LEUR ÉVITE DE PARLER D'EUX. COMMENT EXPLIQUE-T-ON QU'EN TRENTE ANS, AUCUN HOMME N'A PRODUIT LE MOINDRE TEXTE NOVATEUR CONCERNANT LA MASCULINITÉ. EUX QUI SONT SI BAVARDS ET SI COMPÉTENTS QUAND IL S'AGIT DE PÉRORER SUR LES FEMMES, POURQUOI CE SILENCE SUR CE QUI LES CONCERNE ?"

                                        VIRGINIE DESPENTES — KING KONG THÉORIE

C'est donc depuis ma position privilégiée qu'il s'agit maintenant pour moi d'articuler une pensée sur le sujet. Car croire que le silence est d'or est le luxe de ceux qui n'ont pas à se battre pour prendre la parole. Une lutte de pouvoir est en cours. Elle est aussi légitime que salutaire. Si les femmes – et avec elles toutes les "a-normales" – doivent prendre le pouvoir, il serait bon que nous soyons prêts à l'abandonner.


Ce projet de spectacle est la tentative d'un homme-cisgenrehétérosexuel de rompre la triple alliance sexe-genre-sexualité pour identifier et inventer des masculinités non-hégémoniques, qui trouvent leurs places dans la nécessaire lutte contre le patriarcat, dans la révolte féministe en cours, dans la révolution sexuelle à venir.


Si nous voyons bien par où la déconstruction masculine peut passer et comment l'aborder, nous ne savons pas encore de quoi sera fait le monde à reconstruire sur ses ruines. C'est bien cela qu'il s'agit pour nous de découvrir et d'inventer, en suivant honnêtement le chemin de notre propre déconstruction en cours, sans présumer de notre point d'arrivée.

bottom of page